Chroniques (rédigées impromptu) de leadership cohésif et non cohésif au fil des jours, en Afrique et autour de la Terre – Diaries of cohesive and less than cohesive leadership practices, in Africa and around the world (also in English, whenever we feel like it)

Mars 2024. l’Initiative pour un Leadership Cohésif travaille patiemment à aiguiser une ‘arme de sagesse globale’ contre tous les suprémacismes: c’est une bonne façon de définir le travail de l’Initiative pour un Leadership Cohésif. Et de décrire l’ambition universelle de cette initiative, même si celle-ci se concentre, comme il se doit, sur une tâche particulière, dans cette République Démocratique du Congo qui est déjà, en elle-même, une représentation significative des enjeux mondiaux de l’humain et du vivant. Car contribuer à « faire nation » entre Congolais – entre ces êtres humains que les tournants violents de l’Histoire ont mis ensemble entre 1885 et 1960 – c’est contribuer à apaiser et remobiliser l’Afrique centrale et le continent. Remobiliser autour d’un objectif noble : non pas ces révolutions chimériques qui, en ce XXIème siècle, ne savent plus dissimuler les passions incestueuses à la sauce putinienne (qui veut violer cette Ukraine qu’il n’arrive pas à conserver sous le joug familial) ni l’obscénité d’un néolibéralisme qui rationalise le darwinisme social. Non : remobiliser autour des seuls indicateurs de dignité : la capacité de l’Afrique à nourrir ses peuples, les éduquer de manière à acquérir les savoirs et savoir-faire universels tout en maîtrisant les savoir-être des mille et un terroirs d’Afrique. Et au passage, si l’on s’aperçoit que pour atteindre ces simples et gigantesques ambitions, il faut espacer les naissances, qu’on arrête de dire les mêmes âneries qu’en Inde ou au Mexique dans les années 1970, et que les leaders d’opinion courageux aillent dire partout où des foules les écoutent, qu’une nation où la population croit largement plus vite que sa production alimentaire, que le nombre d’écoles, d’enseignants bien formés, de personnels soignants… ce n’est pas, à terme, le creuset d’un « réveil africain », mais à coup sûr, la promesse d’un statut collectif honteux, et de dirigeants obligés d’aller mendier pour que le peuple soit nourri par les voisins proches et lointains – la promesse d’un statut de DÉPENDANT pour des décennies encore . Les parole défiantes et triomphantes sur « notre démographie qui fait peur à l’occident », ce sont des paroles d’ivrogne inconscient, soir après soir, des effets de ses beuveries sur sa famille.

Heureusement que le lectorat de ce site est tellement riquiqui qu’on pourrait l’inviter sous un « en tout cas » (vous savez, ces parapluies minuscules au surnom si approprié). Comme nous faisons de notre mieux pour ne pas transformer l’Initiative en show télévisé pour débats ringards, jugements expéditifs et égos élastiques, ce petit lectorat nous convient parfaitement… pour l’instant, même si, soyons sincères, nous souhaitons convaincre le plus grand nombre de l’aptitude de notre démarche à appréhender le réel de notre monde pour mieux le transformer. Si on devait en faire un slogan, on dirait :

CHANGER TOUT… EN CHANGEANT TOUS ET TOUTES.

Février 2024. Notre programme concret pour les mois à venir (dans un ordre chronologique, qui n’obéit pas, dans cette phase précise, à la priorité que nous donnons à nos actions selon le degré d’urgence humaine, en d’autres termes, en nous occupant d’abord des situations où les civils congolais sont le plus exposés à des violences de toutes sortes. Si tel était le cas, nous serions d’abord au Nord-Kivu, puis en Ituri, puis au Mai-Ndombe, puis au Tanganyika. Mais d’autres considérations interviennent, et notamment, la disponibilité des acteurs (étatiques, non-étatiques) à se rencontrer, dans chaque zone évoquée. Faute d’une disponibilité minimale de part et d’autre des « échiquiers de crises », on doit reporter notre action, un peu comme une sage-femme ne saurait perturber la dynamique devant culminer avec le travail d’accouchement: dans notre cas, il s’agit de l’accouchement d’un esprit de leadership cohésif de la part d’une masse critique d’acteurs influents, de leaders d’opinion concernés par telle ou telle crise et jusque-là engagés à gérer, résoudre… ou alimenter cette crise.

On se comprend ? Tuko pamoja ? Toyokana ? Do we speak the same language ? Fhemna ? Ça percole ?

Revenons donc à notre programme (n’oublions pas : l’Initiative pour un Leadership Cohésif, c’est avant tout l’ACTION, SUR LE TERRAIN, SANS JAMAIS DISSOCIER LE LOCAL, LE PROVINCIAL ET LE NATIONAL (sachant que pour nous le régional et l’international, ce sont des étapes qui sont franchies allègrement et sereinement une fois que la nation est raisonnablement cohésive. Tel n’est pas le cas en RDC).

Objectif 1. Élargir la démarche de leadership cohésif en Province du Tanganyika au Territoire de Manono. Tout comme à Nyunzu et Kabalo depuis 2021, l’objectif est de rassembler les acteurs-clés du Territoire (qu’ils y résident ou qu’ils soient au chef-lieu ou en capitale) de façon à ce que, à l’issue de la retraite ‘leadership cohésif’, ils et elles aient envie, et soient en mesure, de gérer leurs différends par l’échange, par l’usage de méthodes traditionnelles d’écoute, de compromis et de décision. Un objectif corollaire est de permettre une nouvelle répartition des responsabilités de préservation de la stabilité entre acteurs traditionnels, civils, étatiques. Bien sûr, la situation des acteurs armés non-étatiques (une réalité à Manono comme ailleurs dans la Province) et l’épuisement de toute légitimité à perdurer de leur part, seront au centre des préoccupations et, souhaitons-le, des décisions et actions qui termineront et suivront la retraite.

Rappelons au passage qu’une retraite ‘leadership cohésif’ décisive, menée en avril 2021 à Nyunzu, avait conduit des acteurs locaux Twa et Bantou à sortir très courageusement de leurs silos de méfiance et d’auto-légitimation respectifs et, fondamentalement, à s’adresser des gestes de confiance réciproques. Des gestes très concrets, notamment de retour de chefs coutumiers, jusque-là déplacés à Nyunzu-centre, dans leurs espaces d’origine, accompagnés par les populations. De même, en août 2022, une « tournée des braves » menée par ces mêmes chefs coutumiers, une ardente militante civile de la paix, Maman Kayina, et des chefs miliciens Twa et Bantou, a permis aux villages les plus meurtris par les guerres atroces des années 2017-2021 de voir et d’écouter ces leaders d’opinion parler le même langage et s’engager ensemble pour une stabilisation durable du Territoire et de la Province. L’État était représenté par des agents du Ministère de l’Intérieur.

Objectif 2. Optimiser les chances d’un esprit collectif de non-belligérance au ‘Sud Sud-Kivu’: par ‘sud-Sud-Kivu’, on entend ici les Territoires d’Uvira, Mwenga et Fizi (Baraka, Itombwe).

Objectif 3. Optimiser les chances de volonté collective de cessation des hostilités au Mai-Ndombe et dans les Provinces adjacentes.

Objectif 4. Optimiser les chances de volonté collective de cessation des hostilités en Territoire de Djugu, Province de l’Ituri.

Novembre 2023 – contribution personnelle – MN Kassa

J’entends souvent dire : « ah bon? Tant d’années en République Démocratique du Congo », (suite a): « vous êtes vraiment attaché à ce pays et à son peuple »; (suite b): « et pourtant rien n’a changé, le pays connait toujours des crises alors que votre Initiative pour un Leadership Cohésif semblait projeter une « ambition cohésive » irrésistible ».

Je traite pour l’instant de la suite a):

Aucun doute sur cet attachement humain, particulièrement quand je pense à l’instantanéité, à la spontanéité permanence de la conversation, en ville ou au village. Oui, la conversation: même rude, parfois; même, souvent, lourde de soupçons, de ressentiments, de préjugés négatifs parfois très sommaires. Mais d’abord, il est aisé de comprendre que, pour certains jeunes notamment, les occasions d’échanger avec des étrangers, d’égal à égal, sont rares. Et surtout : la conversation peut vraiment commencer lorsqu’on s’est compris sur quelques points essentiels – oui, quand on est un État-membre des Nations unies, on est un pays souverain, et donc comptable de ses actions, y compris de ses interactions avec le reste du monde. Oui, la responsabilité personnelle en tant que citoyen, le caractère universel sont des exigences qui s’imposent à toute personne exerçant un pouvoir, un leadership (équité, exemplarité, humilité dans l’écoute des critiques autant que des louanges, discernement dans le jugement des personnes et en particulier des conseiller/es… l’esprit visionnaire

Mais cela ne suffit pas pour expliquer les décennies de présence, et de conversation. Au-delà, ma conviction est que je suis attaché à cet endroit du monde, à ses habitants et à sa trajectoire contemporaine, en tant que lieu-synthèse des enjeux humains.

Le Congo permet, inspire, appelle les questions qui détermineront la façon dont les dix milliards d’êtres humains interagiront à la fin du siècle. La façon dont ces questions seront gérées ici dans le bassin du Congo et dans la région des Grands lacs est aussi cruciale aujourd’hui qu’elle a pu l’être à la fin du XIXème siècle à Berlin, autant qu’au cours des première et seconde Guerres Mondiales, autant qu’au tournant des années 60, autant qu’au tournant des années 90, ou qu’aujourd’hui entre COP28, Ukraine, Israël-Palestine, Soudan, Birmanie, Syrie, Libye, Sahel…

J’exagère ? Reprenons, avant d’en arriver à aujourd’hui :

  • à la fin du XIXème siècle à Berlin : imaginons les leçons congolaises de la conférence de Berlin, vues côté congolais de la lorgnette, par des habitants du Kivu ou du Tanganyika, face au spectacle de 1914-1918, lorsque des compatriotes de ces dignitaires européens s’affrontent entre eux mais aussi à travers leurs soldats africains respectifs, dans un hoquet ultime de leurs rivalités lointaines aux motivations absurdes aux yeux des populations d’Afrique. Des maîtres qui semblent tour à tour porter les attributs d’une modernité fascinante et d’idées émancipatrices, mais dans le même temps, incapables de construire de sages compromis – bien au contraire: capables d’exercer, directement ou par ordres, les plus viles violences que puisse commettre l’Homme sur l’Homme. Et, sous les allures arrogantes de civilisés, ces démonstrations de convoitise servile face à l’attrait de l’or, du caoutchouc, du corps féminin asservi… Surtout, à ce stade de la description, il faut compléter le paysage de l’époque : face à l’impérialisme européen, se poursuit cet autre impérialisme affairiste du corps chosifié : les sultanats esclavagistes de Zanzibar et des routes du désert et leurs donneurs d’ordre arabes, amateurs de razzias sanglantes et semblant avoir fixé comme « indicateur objectivement vérifiable » une sorte de combiné de terreur et d’appât du gain dans le regard de leurs interlocuteurs chefs de villages chargés de les approvisionner en esclaves.
  • (un siècle plus tard, je surprends douloureusement cette même combinaison de peur et d’opportunisme vénal dans la façon dont de jeunes orpailleurs artisanaux interagissent avec les seigneurs de guerre qui contrôlent leurs faits et gestes, et leur laissent une pitance contre le produit de leurs efforts au fond des couloirs non sécurisés).
  • au terme de la Seconde Guerre mondiale, alors que des pensées impériales et suprémacistes, après avoir germé à partir de Vienne, Berlin ou Tokyo, glaive à la main droite, carte routière à l’autre, commencent à patiner sérieusement, l’uranium congolais va servir le projet étasunien de frapper un grand coup contre l’empire japonais. 220.000 morts essentiellement civiles japonaises destinées à empêcher l’opportuniste Staline, qui déclare la guerre au Japon entre les deux n’ombres, de prétendre partager la victoire sur le Japon.

Ou encore en 1960, à New York, lorsque l’Organisation des Nations unies a accueilli de fringants nouveaux membres. J’y reviendrai plus tard (pas le temps de finir ce chapitre pour l’instant)

Ou encore au tournant des années 90, lorsque la grammaire démocratique a été redécouverte par les opinions publiques et notamment zaïroise, une fois levée la chape de plomb imposée pendant 45 ans à travers le globe par la phobie réciproque entre deux mensonges idéologiques : le mensonge sans merci du bonheur soviétique face au mensonge relatif du bonheur capitaliste.

À la simple évocation de l’appellation « Bassin du Congo », on pense bien sûr à la conservation du carbone, à la préservation de la biodiversité… Ces enjeux sont immenses pour la planète, c’est un fait avéré: les invoquer en pensant qu’ils apparaissent prioritaires aux yeux des populations les plus concernées – je parle là autant de la paysanne locale que de l’affairiste-commissionnaire de la province ou de la capitale, de la compagnie d’exploitation multinationale, des fonctionnaires d’État, de la notabilité coutumière propriétaire des terres, des mères et pères de familles responsables du souper quotidien, des jeunes, diplômés ou illettrés, avec ou sans armes, des acteurs de la société civile… – c’est se tromper lourdement. En réalité, presque tout, à commencer par des facteurs psychologiques, éloigne la perspective d’une solidarité d’intérêt entre les défenseurs d’un combat global pour la biodiversité et le respect de l’agro-foresterie d’une part, et d’autre part ces acteurs les plus décisifs car le plus proche des enjeux locaux concrets.

Lundi 16 octobre 2023

L’Initiative pour un Leadership Cohésif est portée par le souci lancinant de la justice. Probablement le souci le mieux partagé, le plus instantanément compris par une majorité des humains de notre planète. Justice face aux abus de puissance, aux abus de faiblesse, aux projets suprémacistes, impérialistes, idéologiques, au malaxage de l’histoire pour cacher la médiocrité du leadership présent… Pas un endroit de la planète n’est épargné par le fléau le plus humain de l’espèce humaine: l’injustice aux millions de facettes. Son symétrique inverse étant l’attention bienveillante, le « care », el karama, le projet des « jours heureux » post-guerre dans la France de 1945, le projet de cohésion sociale de l’Algérie indépendante, le projet de Rainbow nation de l’Afrique du Sud de Mandela…).

À ce titre, nous nous sentons révoltés par l’absence d’attention générale à la situation des populations soudanaises – et en particulier, des populations du Darfour. S’il faut entourer de la plus grande attention et de la plus concrète humanité les populations civiles devant fuir leurs habitations à Gaza, s’il faut entourer de la même attention et de la même humanité les familles des victimes des horreurs commises par des individus qui ont souillé et la cause palestinienne et leur propre foi, en ce XXIème siècle, l’accès virtuel qui nous est donné d’une « empathie 360° » (grâce à l’information référencée et crédible, grâce à la démocratisation des moyens d’accès à cette information, grâce à notre compréhension grandissante de la bêtise des thèses suprémacistes de toute région, de toute religion et de toute « idéo-religion ») nous invite, nous incite, nous astreint, à l’empathie active, à l’opposé du quant à soi et du « quant à foi ».

Friday 13, Oct. 2023:

if one wants to grasp what « Cohésive leadership » means, one just has to look at the preliminary vote among US House Republicans to elect a new speaker. Given the importance of a proper balance of power/judgement between US institutions, and the importance of State decision and action in – ideally – setting the compass in terms of common good and general interest, the ongoing display of absence of cohesive leadership among House Republicans reflects a lack of sense of shame that speaks volumes about the corrosive impact of divisive, narcissistic leadership when one of its most grotesque incarnations makes his way through to the world’s top position (2016-2021).

All nations of the world are impacted – and to some extent shaped – one way or another by US policies but also USA’s dollar and cultural rayonnement: it may be a decisive and inspiring impact when Washington endorses the Paris Accord on climate change or contributes to the collaborative monitoring of Iran nuclear activities (2015); it may also turn destructive and corrosive when the US Government decides to use Iraq and the demise of a caricature of tyrant/ex ally as a laboratory for regime change (2003).

12 oct. 2023:

Période d’étiage de leadership cohésif dans le monde de 2023. On est sans doute dans une des phases de « plus bas » les plus rachitiques des cent dernières années . On ne demande à personne (parmi les leaders en place ou leurs opposants les plus notoires) d’avoir la pointure d’un Nelson Mandela, son mélange de lucidité, de fermeté et de bienveillance; mais quand même…

Un exemple de ce que nous faisons, en partenariat avec des acteurs congolais que nous choisissons pour leur façon d’élever leur propre pays, la RD Congo, avec courage et sens des impératifs de cohésion: ça vient de sortir.

Une Déclaration de Murhesa II, co-signée le 16 septembre 2020 dans le Sud-Kivu.

Ici, nous posterons des détails sur nos actions concrètes du moment

Actions concrètes, pour l’Initiative pour un Leadership Cohésif, ça se traduit par des dizaines de femmes et d’hommes qui, pour peu qu’un vent de bonne foi et de bonne volonté soit passé pendant nos conversations, peuvent transformer leurs propres regards sur ce qu’il est possible de faire pour changer en mieux leur quotidien, leur communauté, leur pays.

Comme nous croyons en les vertus de la discrétion, nous n’en parlerons qu’après. Les enjeux sont déjà tellement compliqués comme cela, nous n’allons pas, tel le Cid, nous garder sur notre gauche pendant que nous sommes interpellés sur notre droite. Et les réseaux sociaux, tout comme les sites web, peuvent être des écrans qui nous séparent de l’ACTION, la vraie, celle entre êtres humains, qui peuvent ne pas se sentir au début, et qui au fil des jours d’écoute mutuelle, peuvent concevoir un avenir collectif sans usage de la violence, de la ruse ou de l’hégémonisme. Jusqu’à s’embrasser (avecqueu le masqueu bien entendu pour le moment).

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